2000 ans, imaginons…



Si on imagine, il y a 2000 ans et plus... pour venir du Blavet, c’était probablement une pêcherie à Tréhonin, avec un pont, dont faisait partie l'Ile emportée par la crue il y a une dizaine d'années. Le chemin partait en direction du "Sourn" de Pélin, dominé par un oppidum (champs des haches). Un chemin remontait le long du ruisseau vers les hauteurs lointaines (ben neah), un autre passait sur le côté nord du ruisseau du frout, à quelques mètres du bas-fond, jusqu'à la source (frout) devenue notre "Talfetan". Un sentier descendait vers cette source, point d'eau du village, et le chemin arrivait dans le bout du jardin de la maison actuelle (de tal fetan) des Le Moing et, d'une part, tournait vers le nord, d'autre part continuait au pied de la butte de l'oppidum (bout du jardin de la ferme Le Net) et prenait la descente vers la source d'un côté et allait vers le sud (Tachen Glass).

Le chemin vers le nord remontait vers le "n'hent don", longeant, côté ouest, le talus rehaussé d'une palissade du "dun" (village fortifié) et de l'autre les champs en lanières (les jardins du Lindon de notre enfance), il y avait alors une butte schisteuse percée d'un chemin qui passait entre ce qui fut longtemps après la "lèr du Gal" (ouest) et le Cogno (est) une haute palissade, avec une entrée protégée, qui fermait le côté nord du village. Le chemin continuait vers le nord dans la butte (rù gohìc), vers un plateau défriché où il y avait d'autres champs en lanières plus larges. Vers l'est après une cinquantaine de mètres le terrain descendait en pente douce vers le nord-est jusqu'à une vallée d'un ruisseau venu de l'ouest (vallée de Plurit), partant de l'esplanade devant l'oppidum le chemin, allait vers la " montagne", passant au nord du tumulus (béred, le cimetière) se divisait en deux juste après une branche allant plein ouest et remontant au pied de la "montagne" là où commençait le massif granitique jusqu'au Sourn.

Un défilé d'où débouchait un petit ruisseau, un frout, qui plongeait dans la vallée vers la source du village et le Blavet, ce sourn était le passage vers l'ouest que gardait le village. L'autre chemin longeait la montagne vers le nord (lann mené) d'abord creusé dans la couche très épaisse de glèbe (terre amenée là par l'érosion du dessus de la montagne "mené"), jusqu'au fond solide schisteux, faisant comme un rempart côté ouest, avec en haut une palissade et un grand enclos, le "buoh chér", l'enclos pour le bétail, qui allait paître sur les terres du plateau " Talgér" et revenait à l'enclos, à l'Étable par ce chemin creux (chemin creux, de "Kreu", l'étable), et les prés des vallées... la branche nord du chemin, passant au pied du mené et de neah huic pour arriver en haut du frout (cascade, torrent) venant de leinguenec et là, pour garder ce passage, à l'entrée du vallon du Fourdan, se trouvait un autre village... qui deviendra beaucoup, beaucoup plus tard, le Rongoët....

À l'ouest de l'oppidum, un peu en contrebas se trouvaient les enclos à cochons et aux chevaux... leh hohed, des liorh (enclos à cochons qui, devenant des cloaques seront abandonnés et étant enrichis par les déjections des cochons, convertis en liorh (jardins, dont c'est là l'étymologie) qui deviendra longtemps après le marh ha moh... et par erreur le marhadmoh "le marché aux cochons", au sud de la ferme Le Cunff (salon de coiffure et pharmacie actuelle) au lieu de "chevaux et cochons"

À l'est de l'oppidum, dans la butte, des terriers de lapins, une garenne, des lapins, remontés du sud, peut-être emmenés là par les premiers habitants du village venus du sud, de l'Ibérie ("conejo", lapin en espagnol, d'où le nom du quartier "Cogno"), un chemin repartait du haut du "hent don" (chemin creux) vers l'est et de son côté sud se trouvait une série de bande de terrains descendants jusqu'au chemin venant du pont du Blavet (tré hoh hent) décrit tout à l'heure. Chaque terrain était cultivé par une famille du village Beaucoup plus tard, la population ayant beaucoup augmentée, le bord du plateau sera aplani jusqu'au schiste pour y établir des "chér" (gér) des enclos, des fermes, juste au nord du Cogno (fermes Cocoual, autrefois deux fermes) et Le Mouël, puis trois autres plus au nord (Tanguy, Lamouric, Le Métayer). Il a fallu enlever toute la terre meuble pour contruire sur le schiste et ne pas être presque continuellement dans la gadoue, cette terre qu'il a fallu dégager a été déversée "chal" à l'est dans le premier terrain en pente que l'on a limité par un talus et plus tard (fin XIXème siècle) par un mur de pierre sèche, qui existe toujours, le mur ouest de la cour de l'ancienne école publique, maintenant la mairie, et ce champ (lot 399 du cadastre napoléonien) appartenait autrefois à mon grand père Julien Talmon et on l'appelait "Parchal" (Parc chal, champ de remblai ) l'épaisseur de terre arable y était effectivement très importante, environ 1,50m. Mon grand-père y avait fait construire une maison pour sa retraite. Plus tard mes parents et mon oncle, Julien Talmon y firent aussi construire leurs maisons...

C'est là le résumé de ma "vision" de mon village à ses origines... il y a au moins 2 millénaires...